Signaux radio provenant du corps
Près de la moitié des patients ne respectent pas leur prescription médicale. Certains ne prennent pas du tout leurs médicaments, d'autres ne respectent pas les heures et les intervalles de prise ou les dosages corrects. Les conséquences sont des maladies qui se prolongent inutilement, des complications médicales, et parfois même des vies sont mises en danger parce qu'un remède important n'est pas administré comme il se doit.
Innovation : la puce à avaler
Les personnes âgées et les malades mentaux souffrant de troubles de la perception sont particulièrement concernés. Il existe cependant une solution technique permettant de contrôler la prise des comprimés : les comprimés IEM. IEM est l'acronyme d'Ingestible Event Marker (marqueur d'événement ingérable). Techniquement, il s'agit d'un comprimé tricouches dont la couche intermédiaire est une puce. Elle est recouverte de cuivre d'un côté et de magnésium de l'autre côté. Ces deux substances sont présentes dans le corps et totalement inoffensives.
Lorsque le comprimé est ingéré et que la puce entre en contact avec l'acide gastrique, elle génère une tension électrique imperceptible. Cette tension est enregistrée par un patch sur la peau du patient, qui transfère le signal à un smartphone. Cette technologie a été développée par la société américaine Proteus Digital Health. Dès 2012, la FDA a autorisé cette technologie avec un placebo pour les États-Unis et depuis 2015, une première substance active lui est associée. Cependant, le chemin a été long et a nécessité une grande ingéniosité.
Manuel Bachmann a participé au développement de la machine à comprimer pour la technologie IEM en tant que chef de projets chez KORSCH. « L'ajout d'une puce a constitué pour nous un défi tout particulier. Nos machines à comprimer sont optimisées pour les poudres. Les puces logées sur un rouleau de blister requièrent un tout nouveau système de remplissage. » De plus, ces petits disques se sont avérés particulièrement rebelles. « Une puce ne mesure que 1,1 millimètre et se cache dans une couche support d'un diamètre de 3,5 millimètres. Elles se chargent en électricité statique et sont si légères qu'elles s'envolent rapidement. Elles ne doivent pas entrer en contact avec du métal. Autant de facteurs qui compliquent leur manipulation. »
Un tout nouveau système de transport
Pour cette mission, une XL 400 MFP compatible avec des comprimés tricouches a été modifiée en conséquence et complétée par une ligne d'alimentation pour les puces. Sur le plan visuel, elle évoque fortement une voie ferrée miniature : au niveau de la « gare de chargement » les puces sont prélevées sur dix rouleaux de blister et déposées dans des petits chariots de transfert individuels. Un convoyeur les transporte jusqu'à une roue d'alimentation raccordée à l'unité de transfert, qui sert d'interface avec la machine à comprimer. Les puces sont déposées sur le lit de poudre de la première couche, les chariots vides sont évacués et renvoyés sur la ligne.
Cinq caméra suivent le prélèvement sur les rouleaux de blister et le transfert des IEM dans les comprimés, ce qui permet de rejeter les comprimés et chariots de transport vides. « Pour que ce processus fonctionne sans accroc, nous avons étendu la phase de développement sur 18 mois et réalisé de très nombreux essais. Ce projet a constitué un véritable défi pour tous les participants », se souvient Manuel Bachmann.
La XL 400 MFP et l'unité de transport IEM sont totalement synchronisées. KORSCH a déposé un brevet pour le processus global.